Les bonnes pratiques pour le stockage d’effluents d’élevage au champ

En zone vulnérable, la directive Nitrates prévoie des règles strictes pour le stockage d’effluents d’élevage au champ, afin de limiter les risques de pollution des sols et des eaux. Dans cet article, nous vous exposons les différents types de fumiers autorisés ainsi que les conditions et durées de stockage à respecter.
Quels effluents d’élevage pouvez-vous stocker au champ ?
Seuls certains types de fumiers et d’effluents d’élevage peuvent être stockés ou compostés en champ :
- Les fumiers compacts non susceptibles d’écoulement. Ils sont suffisamment secs et ne génèrent donc pas de jus en tas.
- Les fumiers de volailles non susceptibles d’écoulement. Ils sont similaires aux fumiers compacts et doivent être exempts d’écoulement.
- Les fientes de volailles séchées. Elles sont issues d’un processus de séchage qui permet d’obtenir plus de 65 % de matière sèche. En d’autres termes, la manipulation est sans risque d’écoulement.
Quelles conditions communes à ces types d’effluents d’élevage devez-vous respecter ?
Plusieurs critères sont obligatoires pour le stockage de ces effluents :
- Structure du tas : Le fumier doit former un tas naturellement stable, autrement dit il doit être sans écoulement latéral. À savoir que les mélanges de produits différents qui ne respectent pas ces caractéristiques sont interdits.
- Volume de dépôt : Le volume du fumier doit correspondre aux besoins en fertilisation de l’îlot récepteur. Finalement, l’objectif est de respecter l’équilibre de fertilisation azotée.
- Homogénéité du tas : Le tas doit être formé de façon continue et homogène pour réduire les infiltrations d’eau.
- Zones de stockage : Le stockage ne peut être mis en place sur les zones où l’épandage est interdit, les zones inondables ou encore les zones d’infiltration (par exemple les failles ou les bétoires).
Quelles sont les dispositions spécifiques à chaque type d’effluent d’élevage à mettre en œuvre ?
Des règles particulières s’appliquent selon le type de fumier entreposé, sauf pour les dépôts de courte durée (moins de 10 jours) avant un épandage :
- Pour les fumiers compacts non susceptibles d’écoulement :
Le tas doit être placé sur une prairie, une culture de plus de 2 mois, une culture intermédiaire bien développée ou sur un lit de matériau absorbant. Le fumier doit aussi être déposé en cordon avec une hauteur maximale de 2,5 mètres. - Pour les fumiers de volailles non susceptibles d’écoulement :
Le tas doit être de forme conique et ne pas dépasser 3 mètres de hauteur. De plus, il doit être protégé des intempéries par une couverture afin d’éviter tout écoulement latéral. - Pour les fientes de volailles séchées :
Le tas doit être couvert d’une bâche imperméable à l’eau mais perméable aux gaz.
Combien de temps pouvez-vous les stocker ?
La réglementation limite la durée de stockage en champ :
- Période maximale de 9 mois : Le stockage des fumiers ne doit pas dépasser neuf mois d’affilée. En effet, cette période a pour but de limiter le temps d’exposition aux éléments et les risques de lixiviation.
- Restrictions saisonnières : Entre le 15 novembre et le 15 janvier, la réglementation permet le stockage uniquement sous certaines conditions :
- Sur les parcelles en prairie,
- Sur un lit absorbant d’environ 10 cm de matériau riche en carbone comme c’est le cas de la paille (rapport C/N supérieur à 25),
- En cas de couverture du tas.
- Rotation des emplacements : Un délai de trois ans doit s’écouler avant de stocker un même emplacement
Quelles sont vos obligations administratives ?
La traçabilité des pratiques agricoles est essentielle. En effet, chaque dépôt de fumier en champ doit être enregistré dans un cahier d’enregistrement des pratiques. Ce document doit contenir :
- L’emplacement du tas,
- La date de dépôt,
- La date de reprise pour épandage.
Quels sont les autres fumiers qui ne sont pas stockés au champ ?
Il existe trois types de fumiers qui ne sont pas stockés au champ :
Tout d’abord, voici le fumier mou à compact
Ensuite, voici le fumier mou
Pour finir, le fumier très mou
En respectant les prescriptions de stockage, vous gérez durablement vos effluents d’élevage tout en protégeant les sols et les nappes phréatiques des risques de pollution par les nitrates. En appliquant ces règles strictes, vous contribuez activement à la préservation de l’environnement.
Source photos : Pré-Dexel (IDELE, 2022)